Aujourd’hui, en célébrant la Sainte Famille de Nazareth, l’évangile nous plonge dans une réalité qui associe la joie de recevoir un nouveau-né et la peur de le perdre si vite par la méchanceté des puissants de ce monde ; la gloire d’un enfant adoré par des bergers et des mages et les supplices d’un exilé fragile poursuivi par l’injustice. C’est le mystère de Dieu qui laisse parfois à l’homme la liberté d’agir comme bon lui semble. Dieu avait toute la capacité de retirer les dangers potentiels autour de son Fils avant même sa naissance. Cependant, il préfère que chacun puisse jouer convenablement son rôle dans cette famille si pauvre et fragile en passant par l’école de l’obéissance. Le vrai bonheur dans nos familles se situe justement par l’inclination à la volonté divine.
Observez bien ! Jésus a obéi à son Père en prenant la condition divine jusqu’à naitre dans un extrême dénuement ; Marie accueille le Fils de Dieu en son sein en tentant défier les règles de la société qui l’exposaient à la lapidation ; Joseph, en homme juste, n’ose pas protester devant la volonté de Dieu pour jouer son rôle de Père descendant de David. C’est là où leur chemin de croix commence mais sous la direction de Dieu qui conduit l’histoire vers le salut éternel. Quelle docilité complice fut celle de Joseph et de Marie ! Les voilà unis pour de vrai autour du Sauveur pour prendre la route de l’Egypte. Ils deviennent ainsi les missionnaires qui déprécient leur intérêt personnel pour n’agir qu’en faveur de Dieu. N’est-ce pas ce que leur Fils annoncera les années plus tard ? « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera » (Marc 8,34-35). Et Paul dans le même ordre dira : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ce que je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi » (Galates 2,20). Il est indiscutable, une famille chrétienne qui ne place pas le Christ au centre da sa vie devient un bateau sans gouvernail. Elle sera exposée à tous les dangers où chaque membre s’éparpillera.
En outre, les membres d’une famille qui se réfèrent à Dieu s’attirent la bénédiction. La Première lecture avec le livre du Siracide nous révèle que « Celui qui honore son père obtient le pardon de ses péchés, celui qui glorifie sa mère est comme celui qui amasse un trésor ». Voilà pourquoi il est nécessaire d’éduquer les enfants sous la crainte du Seigneur. Il arrive que les parents s’époumonent, ce qui n’est pas un mauvais acte, pour l’école, la nourriture, les habits et les vacances des enfants, sans moindre souci de leur éducation spirituelle. Comment voulez-vous avoir une société meilleure si les enfants sont insensibles aux inspirations de l’âme et si leur cœur ne reste que chair ? Cependant, les parents doivent en être les premiers protagonistes. Car ils sont les mieux placés à avoir de l’influence sur les enfants. Voilà ces beaux mots de Saint Paul dans la deuxième lecture qui doivent orienter nos comportements en famille : « Vous les femmes, soyez soumises à votre mari ; dans le Seigneur, c’est ce qui convient. Et vous les hommes, aimez votre femme, ne soyez pas désagréables avec elle. Vous les enfants, obéissez en toute chose à vos parents ; cela est beau dans le Seigneur. Et vous les parents, n’exaspérez pas vos enfants ; vous risqueriez de les décourager » (Colossiens 3,18-21).
Sœurs et frères, La valeur de la famille est indéniable aux yeux de Dieu. Dès l'aurore de la création, Dieu a placé un couple avec mission de développer la famille. Au cours de toute l'histoire, il n'a cessé de lui apporter un soin particulier. Par sa providence, il ne pouvait autrement nous envoyer son Fils unique qu'en passant par la famille. Jésus, Marie et Joseph constituent l'image éclatante de toutes nos familles de la terre. Par sa faiblesse de nouveau-né, Jésus nous révèle que la vraie puissance passe par l'humilité; par son écoute, Marie nous apprend que la famille se solidifie grâce à la concorde et à l'unité; par son obéissance, Joseph nous enseigne que la famille est à l'abri de tout danger grâce à l'écoute et le partage de la Parole de Dieu. Par son incarnation, que le Christ sauve les familles de la terre.
Abbé Jean-Marie KONDE
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